Semences de maïs Les producteurs veulent gagner plus
Les journalistes n’étaient pas les bienvenus à l’assemblée générale de la FNPSMS, la Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho, ce 22 novembre 2018 à Mulhouse. Pourquoi ? Parce que les producteurs et les semenciers voulaient débattre à l’abri des oreilles indiscrètes de la contractualisation, et notamment du revenu des producteurs.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Il y a des débats sur des sujets à caler entre les deux familles [producteurs et entreprises de semences, NDLR], justifie Daniel Peyraube, président de l’AGPM. La volonté des présidents a été que cela se fasse en interne tout simplement. Un ou deux sujets vont être discutés dans un état d’esprit constructif, mais on n’a pas envie que circule un certain nombre d’informations qui pourraient être mal interprétées. »
Les contrats de la discorde
Le sujet de discorde est la contractualisation entre producteurs et entreprises de semences. « On a quelques problèmes de revenus et on veut se le dire en tête-à-tête, poursuit Pierre Blanc, président de l’AGPM maïs semence. C’est aussi simple que ça. » Aussi, à la question : « Il faudrait augmenter de combien ? » Il répond : « Du maximum. C’est ça, dont on va discuter. »
Et à Xavier Thévenot, président de la section en charge du maïs et du sorgho à l’UFS, Union française des semenciers, d’enchaîner : « Je souhaite préciser les positions de l’UFS. On est très attaché à la famille et à travailler en commun. On a une recommandation interprofessionnelle tous les ans et on a à tenir compte du marché. Le marché français est tourné à 60 % vers l’exportation en production de semences et donc on a besoin de garder cette compétitivité sur le marché à l’exportation. On est tout à fait conscient des charges qui pèsent sur les agriculteurs français qui les mettent en situation de désavantage compétitif par rapport aux autres bassins de production de semences. Il faut donc trouver un accord interprofessionnel qui puisse fonctionner, prenant en compte ce besoin de compétitivité à l’exportation, les contraintes françaises qui sont bien souvent très spécifiques, et aussi la situation française où la valorisation de l’innovation et du progrès génétique a beaucoup de mal à passer à certains niveaux de la mise en marché des semences en France. »
Des charges élevées
Enfin Daniel Peyraube a souhaité revenir sur certains points de fragilisation de la filière et du métier des agriculteurs. « Pour compléter, je souhaite rappeler 2 ou 3 éléments dans les coûts de production qui viennent alourdir la conjoncture des prix. Il y a eu un frémissement cette année, mais depuis trois ans, on a des cours assez bas. D’autre part, sur les coûts d’énergie de l’irrigation, on est en pleine bataille sur des sujets de taxes notamment qui ont augmenté de 500 % pour certaines d’entre elles. »
Ont aussi été abordées les décisions gouvernementales non concertées avec la profession notamment dans le domaine des produits phytosanitaires avec la suppression de molécules et de moyens de production « qui viennent pénaliser la compétitivité des producteurs et qui entraîne aussi des difficultés dans le fonctionnement des établissements. Toutes ces difficultés entraînent des ajustements pour lesquels il y a besoin d’avoir des échanges et d’identifier au mieux ces problèmes pour essayer de les surmonter. »
Un accompagnement du ministre
Enfin, Daniel Peyraube est revenu sur le rendez-vous qu’il a demandé au ministre de l’Agriculture et sur l’accompagnement qu’il attend de lui et du gouvernement. « Aujourd’hui, nous sommes dans une période d’incertitudes où on ressent des changements importants qu’il faut accompagner. »
Pour le président de l’AGPM, l’accompagnement idéal sur les produits phytosanitaires est déjà de répondre à un ensemble de questions : « Quel est le rôle des experts ? Quelle est la place laissée aux experts car on s’y réfère ? Quel est l’échéancier ? Quelle est la trajectoire ? Combien de temps se donne-t-on et accompagne-t-on ces mouvements-là ? Il faut trouver des solutions alternatives pour produire des produits de qualité marchande pour réaliser un commerce et réaliser une alimentation de qualité. On a besoin de connaître exactement [les projets et intentions] de l’exécutif. Le sentiment que l’on a sur certains dossiers est que les échéances électorales orientent [les décisions]. Or l’agriculture, c’est quatre saisons annuellement et c’est le réalisme de la nature qui nous pousse à prendre des décisions. »
Pour clore l’échange, le président de l’AGPM a ajouté : « Concernant l’échéancier, Nicolas Hulot avait annoncé vouloir sortir de l’énergie fossile pour les véhicules en 2040. Nous, c’est un peu ça qu’on demande, pas forcément 2040. Mais lorsqu’on vous dit : “Dans deux ans, on ne vous renouvelle pas telle molécule”, OK, mais dans deux ans, est-on en mesure d’apporter des réponses ? Et quelle est la difficulté réelle de telle utilisation ? Il faut des échéanciers réalisables. »
I. La.Pour accéder à l'ensembles nos offres :